Rsg Production

Le jeune imam

 

2023

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Associer les mots “jeune” et “imam” peut sembler contradictoire tant l’idée d’un vieil imam est ancrée dans l’imaginaire collectif et recevoir un savoir ou des préconisations d’un jeune homme peut interpeller. C’est pourtant le protagoniste que Kim Chapiron (Sheitan ; La crème de la crème) a choisi pour son nouveau film : un imam de son temps. Le traitement de la religion s’adapte ainsi à l’époque avec les prêches sur les réseaux sociaux et la quête de followers dans un règne de la quantité qui transforme les signes d’autorité et les traditions religieuses pour la jeunesse. Une jeunesse qu’il filme à Montfermeil où a grandi sa mère, épaulé par certains de ses camarades du collectif Koutrajmé à commencer par Ladj Ly (Les Misérables) avec qui il a co-écrit le scénario.

C’est une histoire inspirée de plusieurs faits divers autour des arnaques au pèlerinage à la Mecque. Méconnues car touchant des populations fragiles et souvent âgées, ces arnaques représentent parfois les économies de toute une vie car le hajj en tant que 5e pilier de l’Islam représente un devoir pour tout musulman, mais les visas de lieux saints saoudiens sont trop rares et trop chers pour une majorité silencieuse de Musulmans français. Kim Chapiron filme ainsi cette communauté de l’intérieur comme on le voit rarement au cinéma.

Si en effet, il aborde l’Islam, le business religieux au temps de YouTube, la cité, la famille et l’éducation africaine, il ne s’attarde pas nécessairement sur ces questions comme sujets du film, il suit le parcours de son protagoniste Ali qui après avoir été envoyé au Mali enfant revient endosser un costume trop grand pour lui. S’il est un champion de la psalmodie, très éloquent et multilingue qui décide d’aider les fidèles à réaliser leur rêve de hajj, c’est bien sa relation avec sa mère et cette quête de reconnaissance qui se retrouve au cœur du film. C’est donc un film moins universel qu’il n’y paraît, et avant tout une intrigue familiale mélangeant avec justesse le profane et le sacré.

Raphaël Sallenave

 

Pairing the words « young » and « imam » may seem conflicting, as the idea of an old imam is so deeply rooted in the common consciousness, and receiving knowledge or advice from a young man may sound daunting. Yet this is the protagonist that Kim Chapiron (Sheitan; Smart Ass) has chosen for his new film: an imam of his time. The approach to religion is thus adapted to the times with preaching on social networks and the quest for followers in a reign of quantity that alters the signs of authority and religious traditions for the youth. A youth that he shoots in Montfermeil where his mother grew up, supported by some of his comrades of the collective Koutrajmé in particular Ladj Ly (Les Misérables) with whom he co-wrote the script.

The story is inspired by several news stories about pilgrimage scams to Mecca. Unknown because they affect vulnerable and often elderly people, these scams sometimes amount to a lifetime of savings because the hajj as the 5th pillar of Islam is a duty for every Muslim, but visas to Saudi holy places are too rare and too expensive for a silent majority of French Muslims. Kim Chapiron thus captures this community from the inside in a way rarely seen in movies.

If indeed, he addresses Islam, the religious business in the time of YouTube, the urban area, the family and African education, he does not necessarily delve into these issues as topics of his film, he rather follows the journey of his protagonist Ali who, after being sent to Mali as a child, comes back to don a suit way too big for him. While he is an eloquent, multilingual champion of chanting who decides to help the faithful realize their dream of hajj, it is his relationship with his mother and this quest for gratitude that lies at the heart of the film. It is therefore a film that is less universal than it seems, and above all a family plot that properly mixes the profane and the sacred.

Raphaël Sallenave

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