Rsg Production

Mother Land

 
Never Let Go

2024

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Au cœur d’une forêt d’un lugubre angoissant se niche une vieille maison toute de bois. Y vivent, absolument isolés, une femme et ses deux enfants : Nolan et Samuel. Dehors règne le Mal qui, s’il les touche, les emportera loin dans les ténèbres de la haine et de la violence, comme cela a été le cas du reste du monde. Pour survivre et se nourrir, la famille quitte quotidiennement son refuge pour s’aventurer toujours plus loin dans la forêt, chacun solidement attaché à une corde qui les relie aux fondations de la maison, et les protège du Mal…
 

Film à concept, « Mother Land » déroute de par son intrigue d’un mystère oppressant, où deux interprétations, incarnées par les deux jeunes frères, s’opposent et se confondent. D’un côté il y a Samuel, l’aîné, qui croit dur comme fer aux histoires de sa mère. De l’autre, il y a Nolan, le cadet, qui met en doute cette tangible solitude, voire l’existence même du Mal. Faut-il dire que seule June, la mère, perçoit le Mal ; et ce dernier se matérialise uniquement en cadavres décharnés de ses proches d’une autre vie. Mais après un hiver rude, la disette s’abat sur la famille dont les réserves se réduisent à peau de chagrin. Nolan et Samuel tâchent alors de survivre, quitte à s’entre-déchirer et à remettre intégralement en question la mythologie de leur mère.

Avec des décors ostensiblement sinistres, le long-métrage nous plonge dans une atmosphère étouffante, où la forêt absorbe tout, et où même la maison se révèle tout aussi sombre et étrange. Ce sentiment de confusion est inexorablement rehaussé par l’intrigue dont les trois personnages revêtent les facettes possibles de l’univers inventé ou non par la mère. Si le scepticisme de Nolan nous gagne peu à peu, le doute persiste sur la sincérité et/ou la folie de June, notamment en raison des retournements de situation qui nous poussent à finalement plutôt croire Samuel. La fin, par ailleurs, ne tranche pas définitivement la question, ce qui nous laisse perplexe. Conte jusqu’au-boutiste dans son idée, le film réussit ainsi son pari de nous immerger dans une ambiance fluctuante et incertaine, mais nous perd peut-être aussi à se montrer si évasif.

Axel Chevalier
 

Deep in the heart of an eerily gloomy forest nestles an old wooden house. Here live, in total isolation, a woman and her two children: Nolan and Samuel. Evil lurks outside, and if it touches them, it will sweep them away into the darkness of hatred and violence, just as it did the rest of the world. To survive and feed themselves, the family leaves their refuge every day and ventures further and further into the forest, each firmly attached to a rope that binds them to the foundations of the house, and protects them from Evil…

As a concept movie, “Never Let Go” is unsettling for its oppressively mysterious plot, in which two conflicting interpretations, embodied by the two young brothers, collide. On the one hand, there’s Samuel, the eldest, who firmly believes his mother’s stories. On the other, there’s Nolan, the younger, who questions this tangible solitude, and even the very existence of evil. It has to be said that only June, the mother, perceives Evil; and the latter materializes only in the fleshless corpses of her loved ones from another life. But after a harsh winter, food shortages hit the family and their supplies dwindle. Nolan and Samuel set out to survive, even if it means tearing each other apart and calling their mother’s entire faith into question.

With its strikingly sinister sets, the film takes us into a stifling atmosphere, where the forest absorbs everything, and even the house reveals itself to be just as dark and strange. This sense of confusion is further heightened by the plot, whose three characters take on the possible aspects of the universe invented or not by the mother. While Nolan’s skepticism gradually wins us over, doubt persists as to June’s sincerity and/or madness, not least because of the twists and turns that lead us in the end to believe Samuel. The ending, however, does not definitively settle the question, leaving us wondering. The film succeeds in drawing us into a fluctuating, uncertain atmosphere, but perhaps also loses us by being so evasive.

Axel Chevalier
La Main
Blink Twice