Rsg Production

Le Ministère de la Sale Guerre

 
The Ministry of Ungentlemanly Warfare

2024

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Le maître britannique des films d’action stylisés se plonge dans les archives de Winston Churchill pour une mission secrète complètement dingue aux conséquences capitales pour l’effort de guerre ! Guy Ritchie (Snatch ; Sherlock Holmes ; The Gentlemen) met cette fois en scène un véritable épisode de l’histoire anglaise, l’opération Postmaster : un commando hétéroclite de renégats est envoyé en 1942 en Afrique de l’Ouest pour saboter le point de ravitaillement des sous-marins allemands. Basé sur des faits réels dont le trait est volontairement grossi pour jouer sur l’excessif, le comique et le déjanté, cette histoire présente donc la formation d’un premier commando composé d’ex militaires ou de taulards envoyé derrière les lignes ennemies comme un dernier espoir, pour sauver la guerre, placé dans une équipe de marginaux – un schéma narratif réjouissant qui a déjà fait ses preuves. C’est en effet une histoire non seulement intéressante et qui colle, qui plus est, extrêmement bien avec le style du réalisateur, mais force est de constater que son potentiel n’est pas parfaitement exploité.

Avec ce mélange entre historique, comique et action, le film est porté par une grande énergie notamment transmise par son casting qui s’amuse beaucoup à l’image d’un Alan Ritchson (Jack Reacher) en grand fou sanguinaire et d’un Henry Cavill (Superman ; Witcher) qui interprète le célèbre March-Philipps qui aurait fortement inspiré la figure de 007 par un certain Ian Fleming également présent dans cette opération. Dans l’ensemble, ce casting de stars forme une bonne équipe, bien qu’elle semble regrouper quelques acteurs qui ont eu le vent en poupe avant de progressivement s’essouffler ces dernières années avec leurs choix de films (Henry Cavill, Henry Golding, Eiza Gonzalez). Ils dégomment néanmoins les Nazis par paquet de douze avec humour et violence dans une ambiance décontractée – qui peine à nous faire croire à de dangereux criminels – mais réussit une mission divertissante entre rire et action.

C’est un film qui réussit suffisamment sa mission pour captiver et passer un bon moment mais qui passe à côté d’un gros potentiel ! Bien que la mise en scène soit assez générique avec son dynamisme et son éclairage, « Le Ministère de la Sale Guerre » est suffisamment bien fait pour divertir et nous garder devant l’écran jusqu’à la fin mais n’a rien de marquant et sera probablement assez vite oublié. Malgré l’ampleur de cette mission historique, l’ambition du film se révèle tout autre avec un petit film sympathique qui ne cherche aucunement à dépasser ce stade de la série-B alors que le récit promettait plus et le réalisateur semblait parfaitement accordé avec le ton d’une telle intrigue. Mais Guy Ritchie semble quelque peu en roue libre ces derniers temps avec un rythme quasi stakhanoviste (de l’ordre des prolifiques Ridley Scott, Woody Allen, Quentin Dupieux avec un ou deux films par an), et des résultats – aussi bien critiques que financiers – mitigés.

Aussi bien en termes de style que de qualité, son nouveau film est ainsi entre son « Agents très spéciaux : Code UNCLE » de 2015 et son « Opération Fortune : Ruse de Guerre » (dont le titre était déjà trop long) de l’an dernier. Les deux mélangent une intrigue pleine d’action et de suspense avec un ton comique et décomplexé, mais le premier réussissait une mise en scène et une gestion du ton de qualité quand le second s’enlisait dans un mauvais dosage entre comique, action et loufoque. Ces trois piliers sont de nouveau la base du « Ministère de la sale guerre » mais l’équilibre ne fonctionne pas tout à fait pour un résultat inévitablement mitigé qui le fait globalement passer inaperçu et provoque donc à nouveau un échec financier. Si l’on en croit son palmarès récent avec les très réussis « Un homme en colère » et « The Covenant », le réalisateur britannique semble toucher sa cible un coup sur deux dernièrement … alors vivement son prochain !

Raphaël Sallenave
 

The British master of stylized action films delves into Winston Churchill’s archives for an insane secret mission with major consequences for the war effort! This time, Guy Ritchie (Snatch; Sherlock Holmes; The Gentlemen) brings to life a real episode in British history, Operation Postmaster: a ragtag commando of renegades is sent to West Africa in 1942 to cut off the supply point for German submarines. Based on true events, and deliberately fleshed out to play on the excessive, the funny and the wacky, this story depicts the creation of the first commando, made up of ex-servicemen or convicts sent behind enemy lines, as a last hope to save the war put into a team of misfits – a charming and already successful narrative pattern. This is not only an interesting story, and one that fits in extremely well with the director’s style, but it must be said that its potential is not fully utilized.

With this mix of history, comedy and action, the film is driven by a great deal of energy, conveyed mainly by its cast, who have a great deal of fun with Alan Ritchson (Jack Reacher) as the bloodthirsty madman and Henry Cavill (Superman; Witcher) as the famous March-Philipps, who is said to have been the inspiration for 007 by one Ian Fleming, who is also involved in this operation. Overall, this all-star cast makes a good team, although it does seem to bring together a few actors who enjoyed a good run before gradually running out of steam in recent years with their choice of films (Henry Cavill, Henry Golding, Eiza Gonzalez). Nevertheless, they take out Nazis by the dozen with humor and violence in a fun, casual atmosphere – which struggles to make us believe in dangerous criminals – but delivers an entertaining mission between laughter and action.

This is a film that achieves its mission well enough to captivate us and give us a good time, but misses out on a great deal of potential! Although the staging is fairly generic with its energy and lighting, “The Ministry of Ungentlemanly Warfare” is well-made enough to entertain and keep us in front of the screen until the end, but it’s hardly a highlight and will probably be forgotten fairly quickly. Despite the magnitude of this historical mission, the film’s ambition proves to be quite different, with a small, enjoyable film that makes no attempt to go beyond the B-movie status, even though the story promised more and the director seemed perfectly attuned to the tone of such a plot. But Guy Ritchie seems to be on a bit of a freewheel these days, with an almost Stakhanovist pace (on a par with the prolific Ridley Scott, Woody Allen and Quentin Dupieux, with one or two films a year), and mixed results – both critically and financially.

Both in terms of style and quality, his new film falls somewhere between his 2015 “The Man from UNCLE” and last year’s “Operation Fortune: Ruse de Guerre” (whose title was already too long). Both mixed an action-packed, suspenseful plot with an unabashedly comic tone, but the former succeeded in staging and managing tone very well, while the latter got bogged down in the wrong mix of comedy, action and goofiness. These three pillars once again provide the basis for “The Ministry of Ungentlemanly Warfare”, but the balance doesn’t quite work, with an inevitably mixed result that leaves it largely under the radar and makes it another financial failure. If his recent track record with the highly successful “Wrath of Man” and “The Covenant” is anything to go by, the British director seems to be literally hit and miss lately… so, I guess, let’s eagerly await his next one!

Raphaël Sallenave
The Gentlemen
Opération Fortune : Ruse de Guerre