Rsg Production

Pearl

 

2022

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A l’occasion de la sortie cette semaine de « MaXXXine » et après avoir analysé le déjà intrigant « X » l’année dernière, revenons sur sa palpitante préquelle, « Pearl », tournée immédiatement après le premier film de la trilogie signée Ti West. Si « X » constitue un film d’horreur transgressif, « Pearl » se veut plus posé mais aussi plus intelligent, plus malsain, plus insane.

Le long-métrage commence certes par une aguichante scène identique à celle de « X », mais nous emporte cette fois-ci des décennies en arrière, en pleine Grande Guerre, à l’époque où la jeune Pearl désire plus que tout quitter la ferme familiale. La vie y est dure : son père est infirme, sa mère est sévère, son mari est au front, les récoltes sont minces, la grippe espagnole n’est pas loin. Mais Pearl, fragile et instable, rêve de devenir danseuse et de percer à New York ou dans le cinéma ; dernière lueur d’espoir avant que tout ne vrille.

Le film est déroutant (et délicieux) à bien des égards. Conçu à la manière d’un conte, avec des musiques dignes des premiers Disney, « Pearl » nous présente des couleurs saturées et chatoyantes qui, extraordinairement, renforcent le côté morbide, décalé et aliéné de son héroïne. Plusieurs scènes illustrent parfaitement la complexité et la folie du personnage de Pearl, que ce soient sa danse avec l’épouvantail, son impressionnant monologue d’aveux ou son affreux et longuissime sourire transmettant d’innombrables émotions contradictoires – des performances remarquables qui font de Mia Goth une formidable actrice !

Mais les personnages et éléments secondaires ne sont pas non plus en reste. La mère de Pearl, immigrée allemande d’apparence si obtuse, se montre bien plus maligne et consciente de la psychopathie de sa fille qu’elle n’en a l’air. De même que le père de Pearl, sa belle-sœur et le projectionniste dont les jeux de regards illustrent le malaise qu’engendre la jeune fille. Enfin, ses brèves confrontations à la pornographie et à la pandémie forment d’astucieux échos des pulsions, angoisses et souffrances de Pearl – et de celles de notre monde rongé par la tourmente et les maladies. Un film dérangeant et brillant définitivement à voir !

Axel Chevalier
 

To celebrate the release of “MaXXXine” in theaters this week, and after reviewing the already fascinating “X” last year, let’s take a look at its thrilling prequel, “Pearl”, shot immediately after the first film in Ti West’s trilogy. If “X” was a transgressive horror movie, “Pearl” is more composed, but also more clever, more unhealthy, more insane.

The film begins with an enticing scene identical to the one in “X”, but this time it takes us back decades, to the middle of the Great War, when young Pearl wants more than anything to leave the family farm. Life is hard: her father is crippled, her mother is stern, her husband is at the front, harvests are poor, and the Spanish flu is just around the corner. But Pearl, fragile and insecure, dreams of becoming a dancer and making a name for herself in New York or in the film industry; the last glimmer of hope before everything spirals out of control.

The film is puzzling (and delightful) in many ways. Designed as a fairy tale, with music befitting early Disney movies, “Pearl” features saturated, shimmering colors that, extraordinarily, enhance the morbid, offbeat and alienated nature of its heroine. Several scenes perfectly illustrate the complexity and madness of Pearl’s character, whether it’s her dance with the scarecrow, her impressive confessional monologue or her awful, long smile conveying countless conflicting emotions – remarkable performances that make Mia Goth a terrific actress!

But the secondary characters and elements are not to be outdone either. Pearl’s mother, a seemingly stubborn German immigrant, proves far more astute and aware of her daughter’s psyche than she appears. So do Pearl’s father, her sister-in-law and the projectionist, whose eye contact illustrates the unease generated by the young girl. Finally, her brief run-ins with pornography and the pandemic are clever echoes of Pearl’s impulses, anxieties and sufferings – and those of our world racked by turmoil and disease. A disturbing and brilliant film that we strongly recommend you to watch!

Axel Chevalier
La Main
MaXXXine