Sick of Myself
Syk Pike
2022/2023
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Jusqu’où peut-on aller pour se sentir regardé·e et aimé·e ? Question farfelue à laquelle tente de répondre Signe, héroïne malade (dans toutes ses acceptions) de ce film norvégien un peu (complètement) barré, signé Kristoffer Borgli. S’ennuyant dans sa vie et souffrant, semble-t-il, d’un manque d’affection, Signe entreprend de se faire remarquer de toutes les manières possibles, y compris par la prise excessive de médicaments dangereux pour sa santé.
« Sick of Myself » est d’abord et avant tout une comédie – noire et grinçante, certes. Outre le narcissisme exagéré et les idées folles de son héroïne, le film propose plusieurs personnages et situations burlesques qui ne peuvent que faire sourire et rire : la concurrence publique entre Signe et son copain artiste, l’ultra-gêne que suscite cet ex et ami dealer, le décalage entre les attentes de Signe et la réalité, ou encore des scènes assez trash forment autant de ratés dans les ambitions de l’héroïne que de moments drôles voire tordants.
Mais la vie de Signe reste une succession d’échecs et de coups foireux qui la détruisent petit à petit. Physiquement, tout d’abord, notre « fille malade » (« syk pike » en norvégien, titre original du film) se dégrade et se dévisage jusqu’à mettre sa vie en péril. Psychiquement, les rêves et projections de Signe se transforment en angoisses et cauchemars qui vont jusqu’à la faire délirer. Socialement, enfin, les mensonges et tromperies auxquels se prête notre tarée anéantissent ses relations jusqu’à ce qu’elle se retrouve seule.
Le long-métrage constitue ainsi une satire moderne de diverses manies entremêlées et poussées à l’excès : une mégalomanie qui accable de par son opiniâtreté et son pouvoir d’auto-destruction, une mythomanie qui ne fait que gonfler puis exploser des illusions perdues, une toxicomanie qui dérive souvent jusqu’à ce qu’il soit trop tard et même une kleptomanie qui n’est héroïque que tant qu’elle est secrète. « Sick of Myself » a donc cette force à la fois de nous faire rire et de nous faire réfléchir sur les nombreux méfaits de l’égo, de l’égoïsme et de l’égocentrisme qui nous ravagent bien plus qu’autre chose…
How far can you go to feel seen and loved? This is the wild question that Signe, the sick heroine (in every sense of the word) of this slightly (totally) crazy Norwegian film by Kristoffer Borgli, sets out to answer. Bored with her life and suffering, it seems, from a lack of affection, Signe seeks to make a name for herself in any way she can, including by taking excessive amounts of medication that is threatening her health.
“Sick of Myself” is first and foremost a comedy – dark and gritty, to be sure. In addition to its heroine’s excessive narcissism and insane ideas, the film features a number of burlesque characters and situations that are bound to make you smile and laugh: the public competition between Signe and her artist boyfriend, the ultra-awkwardness of this drug-dealing ex and friend, the discrepancy between Signe’s expectations and reality, and some pretty trashy scenes make for as many misfires in the heroine’s ambitions as they do funny, even hilarious, moments.
But Signe’s life remains a succession of failures and setbacks, destroying her little by little. First of all, physically, our « sick girl » (“Syk pike” in Norwegian, the film’s original title) deteriorates and scrutinizes herself to the point of endangering her life. Psychologically, Signe’s dreams and fantasies are transformed into anxieties and nightmares that drive her to the point of delirium. And socially, the lies and deceptions she indulges in destroy her relationships until she finds herself alone.
The film is a modern satire of various intertwined manias taken to extremes: a megalomania that overwhelms with its stubbornness and self-destructive power, a mythomania that only inflates and then explodes lost illusions, a drug addiction that often drifts until it’s too late, and even a kleptomania that’s only heroic as long as it’s secret. “Sick of Myself” has the power both to make us laugh and to make us think about the many evils of ego, selfishness and self-centeredness, which ravage us more than anything else…