La Vie de ma Mère
2024
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Être bipolaire, ce n’est pas facile. Mais vivre avec une personne bipolaire, cela ne l’est pas non plus. Et c’est ce que montre avec beaucoup de tendresse et de recul Julien Carpentier dans « La vie de ma mère », un long-métrage touchant et brûlant d’authenticité. L’on y suit l’histoire de Pierre, un jeune et très actif trentenaire, dont l’existence va être perturbée par ses retrouvailles imprévues avec sa mère Judith, une femme débordante d’énergie et à la personnalité explosive.
Dès le début du film, l’on est pris par des personnages d’une rare sincérité, toutes et tous interprété·es par des actrices et acteurs au jeu juste et délicat. Le de plus en plus prometteur William Lebghil et, bien plus encore, l’exceptionnelle Agnès Jaoui excellent dans des rôles qui leur siéent à merveille, de même que leurs acolytes de scène. L’intrigue est ainsi riche de relations épurées et solides qui donnent un réel cachet au long-métrage.
Avec un fond relativement mélancolique, « La vie de ma mère » ne verse toutefois pas dans le purement dramatique, mais plutôt dans un savoureux mélange d’émotions – et chansons – diverses et vécues plus ou moins intensément par les héroïnes et héros. Le film nous transmet à la fois de la joie, de la colère, de la peur, des rires et des larmes, dans un continuum témoignant de l’existence émotionnellement puissante que connaissent les personnes bipolaires et leurs proches.
Car là se trouve le sujet incontournable de l’histoire : cette ardeur, aussi tapageuse que ravageuse, c’est aussi toute la beauté d’une humanité décuplée par des émotions qui ne demandent qu’à être exprimées d’une façon plus colorée, de même qu’éclosent et fanent les fleurs (que Judith et Pierre affectionnent et confectionnent) au gré des saisons. La bipolarité a beau être un trouble de l’humeur difficilement curable, elle reste un exhausteur de nos nombreuses passades et envies, de notre existence qui n’est jamais un long fleuve tranquille. « La vie de ma mère » porte ainsi un message et un regard optimistes sur cette maladie qui, comme notre vie, malgré ses plurielles zones d’ombres, peut aussi réserver de magnifiques éclats de lumière.
Being bipolar isn’t easy. But neither is living with a bipolar person. And that’s what Julien Carpentier shows with a great deal of tenderness and hindsight in “La vie de ma mère” (My Mother’s Life), a moving feature film burning with authenticity. We follow the story of Pierre, a young and very busy man in his thirties, whose life is disrupted by his unexpected reunion with his mother Judith, a woman bursting with energy and explosive personality.
From the very start of the film, the characters are of a rare sincerity, all of them played by actresses and actors whose performances are accurate and delicate. The increasingly promising William Lebghil and, even more so, the exceptional Agnès Jaoui both shine in roles that suit them perfectly, as do their fellow cast members. The plot is thus rich in pure, solid relationships that give the film a real cachet.
With its relatively melancholy backdrop, “La vie de ma mère” doesn’t veer into the purely dramatic, but rather into a delightful mix of emotions – and songs – experienced with varying degrees of intensity by the heroines and heroes. The film conveys joy, anger, fear, laughter and tears in a continuum that testifies to the emotionally powerful existence of bipolar people and their loved ones.
And therein lies the story’s essential subject: this ardor, as boisterous as it is devastating, is also all the beauty of a humanity multiplied tenfold by emotions that only ask to be expressed in a more colorful way, just as the flowers (that Judith and Pierre love and make) bloom and fade with the seasons. Bipolarity may be a mood disorder that’s difficult to cure, but it’s still the perfect complement to our many passions and desires, to our existence, which is never a long, quiet river. “La vie de ma mère” therefore delivers an optimistic message and outlook on this illness which, like our lives, despite its many shadows, can also hold wonderful flashes of light.