Rsg Production

Visions

 

2023

FR                   EN

 

Thriller signé Yann Gozlan, « Visions » est un film qui porte bien son nom. Après « Boîte noire », le réalisateur nous emmène une nouvelle fois (en partie) dans le monde de l’aviation, cette fois-ci avec le personnage d’Estelle, pilote de ligne au train de vie millimétré et dont l’existence est perturbée par ses retrouvailles avec Ana, une ancienne amante qui (re)disparaît aussi vite qu’elle est (ré)apparue.

Si l’intrigue met du temps à se mettre en place, c’est parce qu’elle fonctionne par bribes d’évènements de vie, de souvenirs et d’hallucinations qui surgissent dans la tête d’Estelle. Le long-métrage instaure peu à peu une confusion, où le réel et le rêvé/cauchemardé s’emmêlent jusqu’à ce que nous parviennent les clefs de résolution de l’histoire. L’on rentre ainsi progressivement dans le flou et les interrogations d’Estelle, dans ses visions en tous genres qui détériorent sa santé et ses relations – à moins que ce soit l’inverse. La fin surprend alors, car sans remettre en question les perceptions d’Estelle, elle en propose une autre approche, notamment grâce à des allers-retours entre visions et réalités.

« Visions » est un film bien réalisé, avec des couleurs et éclairages accroissant le sentiment de confusion, et de très beaux plans à la limite de l’onirique et de l’hypnotique. Que ce soient les très gros plans d’yeux du générique initial, ceux des scènes tant d’intérieur [le contrôle moderne…] que d’extérieur [… contre la nature sauvage], ou ceux des méduses et de la mer qui ondulent incessamment. Sans oublier bien sûr la superbe reproduction des décors d’aviation – mention spéciale pour le cockpit !

Le bât blesse néanmoins dans le traitement du triangle amoureux que constituent grosso modo l’influençable Estelle (Diane Kruger), la sulfureuse Ana (Marta Nieto) et le méfiant Guillaume (Mathieu Kassovitz). Le lesbianisme, en particulier, n’est ici présenté ou presque que sous l’angle de la sexualité et non de la sentimentalité. Heureusement, ce triangle relationnel se révèle plus complexe au fil de l’intrigue ; et le bien et le mal, le réel et le rêvé, ne se retrouvent finalement pas tout à fait là où l’on pensait les trouver.

Axel Chevalier
 

Yann Gozlan’s thriller “Visions” lives up to its name. After “Black Box”, the French director once again takes us (in part) into the world of aviation, this time with the character of Estelle, an airline pilot with a meticulous lifestyle whose daily life is disrupted by her reunion with Ana, a former lover who (re)disappears as quickly as she (re)appeared.

If the plot takes a while to get going, it’s because it unfolds in bits and pieces of life events, memories and hallucinations that pop into Estelle’s mind. The film gradually builds up a sense of confusion, where the real and the dreamy/nightmarish become entangled, until the keys to the story’s resolution are revealed. In this way, we gradually enter into Estelle’s confusion and questioning, her visions of all kinds deteriorating her health and her relationships – or perhaps it’s the other way round. The ending is then a surprise, because without calling Estelle’s perceptions into question, it offers a different approach, thanks in particular to the back-and-forth between visions and realities.

“Visions” is a well-made film, with colors and lighting that enhance the sense of confusion, and beautiful shots that border on the dreamlike and hypnotic. Whether it’s the close-ups of eyes in the opening credits, the interior scenes [modern control…] or the exterior scenes [… against the wilderness], or the jellyfish and sea that ripple incessantly. Not forgetting, of course, the brilliant depiction of aviation scenery – with a special shout-out for the cockpit!

The main problem, however, lies in the depiction of the love triangle between the easily seduced Estelle (Diane Kruger), the sultry Ana (Marta Nieto) and the distrustful Guillaume (Mathieu Kassovitz). Lesbianism, in particular, is almost exclusively presented here in terms of sexuality, and not sentimentality. Luckily, this relationship triangle becomes more complex as the plot progresses, and good and evil, reality and fantasy, don’t end up quite where we thought they would.

Axel Chevalier