Ahsoka
[TV]
Saison/Season 1
2023
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Après avoir intégré son personnage phare d’Ahsoka en live-action dans « The Mandalorian », le scénariste et réalisateur Dave Filoni lui consacre maintenant sa propre série dans l’univers Star Wars située 7 ans après la chute de l’Empire et près de 15 ans après les événements de la série « Rebels » dont elle poursuit l’intrigue.
Si cela semble un peu confus, c’est normal, c’est le sort des univers connectés qui nécessitent d’avoir regardé l’ensemble de leur contenu pour suivre correctement les nouveaux. Et dans ce cas précis, la série « Ahsoka » marque un tournant dans l’univers Star Wars dans la mesure où c’est la première série faisant non seulement référence explicitement, mais poursuivant qui plus est l’intrigue d’une série d’animation. Jusque-là les projets live-action et d’animation se croisaient et se référençaient mutuellement mais sans être jamais connectés, sans vraies implications directes. Ici, il est fortement recommandé d’avoir au préalable regardé « Rebels » et dans une moindre mesure, également « The Clone Wars » (à savoir le Filoni-verse). Mais puisque ce n’est pas la coutume dans l’univers de George Lucas qu’a racheté Disney d’imposer des prérequis aux films et séries live-action, « Ahsoka » s’évertue à introduire ou réintroduire les personnages et le contexte de l’intrigue avec de nombreuses scènes d’exposition assez lourdes essayant ainsi de trouver un juste milieu entre une série accessible à tous et une série demandant aux fans d’en avoir visionné une autre au préalable. Le résultat est un entre-deux qui tue quelque peu la narration surtout dans sa première moitié, et n’est jamais vraiment satisfaisant pour personne.
Au-delà de cet aspect novateur, la série marque un retour à la dimension plus space opera et fantasy de Star Wars et explore les recoins les plus étranges et mystiques de l’univers avec d’innombrables références et clins d’œil pour les fans des séries animées. On retrouve donc l’ex-Jedi Ahsoka Tano et la Mandaloriennne Sabine Wren à la recherche de leur ami Jedi disparu Ezra Bridger tandis que de loyaux impériaux tentent toujours de retrouver le Grand Amiral Thrawn disparu avec ce dernier. Retrouver un proche impliquera ainsi de libérer une menace certaine sur la galaxie …
Après des hauts et des bas dans le monde des séries Star Wars sur Disney+, « Ahsoka » livre une prestation pour le moins mitigée. Il y a clairement une ligne directrice, contrairement à la saison 3 de Mando qui tournait complètement en rond, et la réalisation est également meilleure que « Obi-Wan Kenobi ». En revanche on ne retrouve pas la profondeur de « Andor » ni l’épique et l’émotion des deux premières saisons de Mando. Cette nouvelle série s’avère en fait très frustrante dans la mesure où elle introduit des éléments d’intrigue à fort potentiel et implications pour le futur de la saga sans jamais les mener à bout. Elle a de bonnes idées qu’elle n’exploite juste pas à fond, et il n’y pas véritablement de résolution pour les relations qu’elle tisse entre les personnages. Elle laisse ainsi les mystères qu’elle ouvre en suspens et s’apparente finalement plus à une grande introduction d’une histoire aux enjeux plus larges laissés pour une suite dans une très probable saison 2, voire pour le film de Filoni qui servira d’apogée aux séries développées avec Jon Favreau.
Cette série – ou première saison – met donc en scène un trio de personnages principaux féminins avec le retour de la Générale Hera Syndulla (et d’autres personnages issus des séries animées) faisant face à deux nouveaux personnages, Baylan Skoll (RIP Ray Stevenson) et Shin Hati (Ivanna Sakhno), deux adeptes de la force ne prenant plus part à l’opposition millénaire entre côté lumineux et obscur. Et c’est justement, le personnage de Baylan las de la lutte sans fin entre Jedi et Sith qui vole la vedette à nos héroïnes par sa présence intrigante. Cependant on ne peut qu’être frustré par le manque de résolution narrative concernant la quête de ce personnage qui n’aboutit qu’à des indices et n’influe finalement pas sur l’intrigue principale. Son personnage et sa padawan, vont de pair avec le duo Ahsoka-Sabine comme un double arc thématique en miroir avec deux anciens Jedi devenus Maîtres, qui ont chacun renié l’Ordre pour différentes raisons et aspirent chacun à une nouvelle voie avec une padawan atypique. Mais si cette relation en miroir nourrit l’intrigue dans la première moitié de la saison, elle est par la suite abandonnée au profit de la quête personnelle de chaque personnage.
L’arc narratif autour du personnage principal joué – à nouveau après « The Mandalorian » – par Rosario Dawson apporte une progression thématique et un questionnement sur le personnage et sur sa conception de la force dans un fort parallèle avec « Le Seigneur des Anneaux » avec le passage d’une Ahsoka la grise à une Ahsoka la blanche. Mais l’évolution se fait presque trop instantanément pour que l’enseignement de son Maître Anakin Skywalker ait un réel poids. De manière générale, les arcs des personnages sont donc intéressants – c’est en effet la grande force de Filoni, le padawan de Lucas – mais les évolutions apparaissent malheureusement soit comme un déclic soit n’arrivent pas à leur terme, remettant une nouvelle fois en question le format de huit épisodes adopté par les séries Star Wars du ‘Mando-verse’. La question principale de la série reste néanmoins l’interprétation de la force, qu’est-ce que cela signifie d’être un Jedi ou de ressentir la force. Un Jedi se doit-il de suivre les enseignements de l’Ordre ? Le maniement de la force est-il obligatoire pour suivre les valeurs du corps Jedi ? Doit-on être choisi ou choisir la force ? Des questions déjà abordées par « Les Derniers Jedi » avant d’être totalement éludée par « L’Ascension de Skywalker », mais qui une nouvelle fois sont résolues précipitamment (bien qu’une saison deux puisse approfondir ce sujet).
Aux côtés d’une Ahsoka d’abord très stoïque refoulant ses émotions, la série introduit Natasha Liu Bordizzo (Sabine) et Mary Elizabeth Winstead (Hera) et voit le retour de David Tennant (Huyang), Diana Lee Inosanto (la nièce de Bruce Lee alias Morgan Elsbeth) et de Lars Mikkelsen dans le rôle du Maître tacticien impérial. Thrawn y est dépeint comme un stratège calculant les forces à déployer tout en se projetant sur la bataille à venir, et un officier tenant à ses hommes. Les éléments centraux du personnage écrit par Timothy Zahn en 1994 sont donc conservés mais à son propre détriment dans l’histoire, bien loin de la profondeur et de la crédibilité du personnage dans les romans. Eman Esfandi rejoint également l’équipe dans le rôle d’Ezra qu’il campe pour le coup avec naturel et malice.
« Ahsoka » c’est, pour finir, une très belle série visuellement, avec de nouveaux designs, environnements et vaisseaux, des combats réussis et des duels au sabre lasers palpitants et filmés avec intelligence entre parallèles à la saga et aux anciens films de samouraï japonais comme « Hara Kiri ». S’il y a bien quelques belles idées de mise en scène, notamment dans le monde entre les mondes, la réalisation s’avère par ailleurs assez pauvre et souffre de nombreuses cassures de rythme. Celles-ci sont également dues à des dialogues bien trop plats et une négation de la règle courante du ‘Show don’t tell’. Malgré son intérêt thématique, le scénario souffre d’incohérences, de problèmes de logique, et surtout de manque de développement des points de vue et divisions au sein des personnages. Elle ne réussit pas à créer de réels enjeux à l’exception de la quête principale.
Dans l’ensemble c’est donc mitigé, c’est une série techniquement bien faite et qui sait jouer sur une atmosphère nostalgique et fantaisiste, mais peine à approfondir ses personnages et créer réellement de l’émotion. Par sa nature de suite indirecte d’une autre série, elle risque inévitablement une compréhension à deux vitesses, et une division de la fanbase. Elle est limitée par les connexions qu’elle cherche à faire avec de nombreux autres contenus Star Wars, et par sa propre vénération de la franchise qui lui fait prendre notre intérêt pour acquis. Néanmoins, que ce soit une première saison ou une série limitée, elle s’inscrit clairement dans un récit à long terme qui bénéficie d’un fort potentiel et réussit donc à nous captiver suffisamment à chaque épisode pour voir la suite.
After bringing his landmark character Ahsoka to live-action in “The Mandalorian”, writer/director Dave Filoni now dedicates his own series to her in the Star Wars universe, set 7 years after the fall of the Empire and almost 15 years after the events of the “Rebels” show, whose plot it picks up on.
If this sounds a bit convoluted, that’s normal – it’s the fate of connected universes, which require you to have watched all their content in order to follow the new ones properly. And in this case, the « Ahsoka » series marks a turning point in the Star Wars universe, in that it’s the first series not only to make explicit reference to it, but also to continue the plot of an animated series. Until now, live-action and animated projects have crossed and referenced each other, but never connected, with no real direct implications. Here, it’s highly recommended to have first watched “Rebels” and, to a lesser extent, “The Clone Wars” (i.e. the Filoni-verse). But since it’s not the norm in the George Lucas universe bought by Disney, to require viewers to have seen a live-action film or series beforehand, “Ahsoka” goes to great lengths to introduce or reintroduce the characters and the plot context, with a number of fairly heavy exposition scenes, trying to strike a balance between a series accessible to all and one that requires fans to have seen another beforehand. The outcome is an in-between that somewhat kills the narrative, especially in its first half, and is never really satisfying for anyone.
Beyond this innovative aspect, the series marks a return to the more space opera and fantasy dimensions of Star Wars, exploring the strangest and most mystical corners of the universe with countless references and easter eggs for fans of the animated series. The story features ex-Jedi Ahsoka Tano and Mandalorian Sabine Wren as they search for their missing Jedi friend Ezra Bridger, while loyal Imperials are still trying to find Grand Admiral Thrawn, who disappeared with him. Finding a loved one will thus imply unleashing a deadly threat across the galaxy…
After some ups and downs in the world of Disney+ Star Wars series, “Ahsoka” delivers a mixed performance, to say the least. There’s a clear guideline, unlike Mando season 3, which totally ran in circles, and the direction is also better than in “Obi-Wan Kenobi”. However, it lacks the depth of “Andor” and the emotion and sense of epic of Mando’s first two seasons. This new series is actually very frustrating, in that it introduces plot elements with great potential and implications for the future of the saga, but never brings them to fruition. It has good ideas that it just doesn’t fully capitalize on, and there’s no real resolution to the relationships it forges between the characters. It thus leaves the mysteries it opens hanging, and ultimately feels more like a big introduction to a story with larger stakes left for a sequel in a very likely season 2, or even for Filoni’s film that will act as the culmination of the series developed with Jon Favreau.
This series – or first season – features a trio of main female characters, with the return of General Hera Syndulla (and other characters from the animated series) facing off against two new characters, Baylan Skoll (RIP Ray Stevenson) and Shin Hati (Ivanna Sakhno), two Force wielders no longer drawn to the age-old opposition between the light and dark sides. And it’s precisely Baylan’s character, weary of the endless struggle between Jedi and Sith, who steals the show with his intriguing presence. However, it’s only frustrating to see the lack of narrative resolution in this character’s quest, which only leads to clues and has no impact on the main plot. His character and her padawan, pair with the Ahsoka-Sabine duo as a mirrored double thematic arc with two former Jedi turned Masters, each of whom has disowned the Order for different reasons and each of whom aspires to a new path with an atypical padawan. But while this mirrored relationship fuels the plot in the first half of the season, it is later dropped in favor of each character’s personal quest.
The story arc around the main character played – once again after “The Mandalorian” – by Rosario Dawson brings a thematic progression and a questioning of the character and her conception of the force in a strong parallel with “The Lord of the Rings” with the transition from Ahsoka the gray to Ahsoka the white. But the evolution is almost too sudden for the teachings of her Master Anakin Skywalker to have any real bearing. Overall, then, the character arcs are quite interesting – this is indeed the greatest strength of Filoni, Lucas’ padawan – but the evolutions unfortunately either come too abruptly or fail to reach their completion, once again raising questions about the eight-episode format adopted by the Star Wars series of the ‘Mando-verse’. Nevertheless, the main thrust of the series remains the interpretation of the Force: what does it mean to be a Jedi, or to feel the Force? Does a Jedi have to follow the teachings of the Order? Is the mastery of the force required to follow the values of the Jedi code? Must one be chosen or choose the Force? These are questions already addressed by “The Last Jedi” before being completely eluded by “The Rise of Skywalker”, and which are once again addressed quite in a hurry (although a second season could go into greater depth on this subject).
In addition to an initially stoic and emotionally repressed Ahsoka, the series introduces Natasha Liu Bordizzo (Sabine) and Mary Elizabeth Winstead (Hera), and brings back David Tennant (Huyang), Diana Lee Inosanto (Bruce Lee’s niece, aka Morgan Elsbeth) and Lars Mikkelsen as the Imperial Master Tactician. Here, Thrawn is portrayed as a strategist who calculates the forces to be deployed while looking ahead to the battle to come, and as an officer who cares about his men. The core elements of the character written by Timothy Zahn in 1994 are thus kept, but to his own detriment in the story, far from the depth and believability of the character in the novels. Eman Esfandi also naturally joins the team in the role of Ezra, which he plays with spontaneity and mischief.
Finally, “Ahsoka” is a visually beautiful show, with new designs, environments and ships, great fights and thrilling lightsaber duels cleverly filmed to draw parallels with the saga and old Japanese samurai films such as “Hara Kiri”. While there are a few good ideas direction-wise, especially in the world between worlds, the filmmaking proves to be rather poor and suffers from repeated pacing failures. These are also due to overly bland dialogue and a deviation from the common ‘show don’t tell’ rule. Despite its thematic appeal, the script suffers from inconsistencies, logic problems and, above all, a lack of development of viewpoints and divisions within the characters. With the exception of the main quest, it fails to raise any real stakes.
Overall, then, it’s a mixed bag: technically, it’s a well-made series that plays on a nostalgic, fantasy vibe, but struggles to deepen its characters and generate real emotion. By its very nature as an indirect sequel to another series, it inevitably runs the risk of a double standard of viewing experience, and a divided fanbase. It is hampered by the connections it strives to make with so many other Star Wars contents, and by its own awe for the franchise, which makes it take our interest for granted. Nevertheless, whether this is a first season or a limited series, it’s clearly part of a long-term narrative with great potential, and therefore manages to captivate us enough with each episode to watch the next and what comes afterwards.