Rsg Production

Dogman

 

2023

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« Partout où il y a un malheureux, Dieu envoie un chien. » C’est par cette citation d’Alphonse de Lamartine que commence « DogMan », le dernier long-métrage signé Luc Besson. Et il est vrai que Douglas, personnage central de ce film entouré de dizaines de canidés, a connu son lot de malheurs. Véritablement centré sur lui, le film nous raconte l’histoire de cet homme peu ordinaire et à la croisée des identités.

Interprété avec prouesse, justesse et raffinement par Caleb Landry Jones, Douglas est en effet une personnalité à part, complexe et tourmentée. À travers son histoire, « DogMan » traite pêle-mêle de diverses thématiques. Premièrement, de marginalité, subie ou souhaitée, qui se décline sous plusieurs formes : le handicap, le brin de folie et le désir de se révéler autrement à travers l’art et le déguisement. Deuxièmement, d’amour ; de cet amour qui marque, blesse, réconforte, radoucit ou endurcit en fonction des êtres à qui nous l’accordons – en particulier à nos animaux de compagnie. Troisièmement, de religion, présentée à la fois comme un carcan susceptible d’emprisonner littéralement ses adeptes et comme une voie d’émancipation vis-à-vis d’autres cages dans lesquelles la société peut nous enfermer.

« DogMan » propose ainsi un personnage hyper développé et difficile à cerner. Et c’est malheureusement ce pêle-mêle métaphysique qui appauvrit considérablement le scénario. Douglas est si extraordinaire que le long-métrage ne peut qu’en dresser un portrait certes riche, mais sans en extraire d’enjeux. L’intrigue se montre tristement linéaire, évoquant çà et là les questions de maltraitance familiale, de théâtralité libératrice (notamment dans le monde des drag queens), d’amitié inter-animale et de criminalité centrée sur l’argent – sans jamais les creuser. Le format scénaristique du dialogue avec la psychiatre relève d’ailleurs davantage d’un monologue autobiographique que d’un thriller. Le film propose toutefois quelques beaux moments : quelle scène que celle où Douglas interprète avec une frappante virtuosité une authentique Édith Piaf ! « DogMan » n’est donc pas un film marquant, mais son attachant protagoniste l’est beaucoup plus.

Axel Chevalier
 

« Wherever there is an unfortunate, God sends a dog. » It’s with this quote from Alphonse de Lamartine that Luc Besson’s latest feature “DogMan” opens. And certainly Douglas, the film’s main character surrounded by dozens of canines, has had his share of misfortunes. The film focuses entirely on him, telling the story of this uncommon man at the crossroads of many identities.

Played with virtuosity, sensitivity and elegance by Caleb Landry Jones, Douglas is a complex, tormented personality in a world of its own. Through his story, “DogMan” deals with a wide range of themes. Firstly, marginality, whether suffered or desired, which takes many shapes: disability, a touch of madness and the desire to reveal oneself in a different way through art and disguise. Secondly, of love; that love which affects, hurts, comforts, softens or hardens depending on the beings to whom we bestow it – especially our pets. Thirdly, religion, presented both as a shackle that can literally imprison its followers, and as a means of emancipation from other cages in which society can shut us in.

“DogMan” thus introduces a highly-developed character who’s hard to figure out. Unfortunately, it is this metaphysical mishmash that considerably weakens the script. Douglas is so extraordinary that the film can only draw a rich portrait of him, without extracting any stakes. The plot is sadly linear, raising here and there questions of family abuse, liberating theatricality (particularly in the world of drag queens), cross-animal friendship and money-driven crime – without ever delving into them. The script structure of the dialogue with the psychiatrist is more of an autobiographical monologue than a thriller. The film does, however, offer a few wonderful moments: how strikingly virtuosic is the scene in which Douglas plays an authentic Édith Piaf! “DogMan” may not be a memorable film, but its endearing protagonist clearly is.

Axel Chevalier