Rsg Production

Sleep

 
Grand Prix – Gérardmer

2024

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Que se passe-t-il durant notre sommeil ? Dans « Sleep », le premier long-métrage du Sud-Coréen Jason Yu, la réponse s’avère vertigineuse. Soo-jin, une jeune femme enceinte de son doux et attentionné mari Hyeon-soo, en fera les frais lorsqu’elle s’apercevra que son époux est sujet à d’étranges – et dangereuses – crises de somnambulisme.

Centré sur un couple particulièrement attachant, « Sleep » est un film à la limite du huis-clos, où l’essentiel des scènes se déroule dans un petit appartement qui déborde d’amour – du moins, au début. Traitant avec tendresse et justesse de la vie conjugale et de ses enjeux, le long-métrage propose un duo touchant, avec deux acteurs solides : Jung Yu-mi et feu Lee Sun-kyun (mort en décembre dernier et en l’honneur duquel le film est dédié). Mais le ménage bat de l’aile avec l’aggravation des symptômes noctambules de Hyeon-soo, Soo-jin s’inquiétant de plus en plus non seulement pour son mari, mais aussi pour son bébé.

Divisé en trois parties, « Sleep » glisse progressivement vers l’angoisse et la folie, avec deux premiers chapitres convaincants mais un troisième plutôt abrupt. Le film parvient certes à semer le doute sur la nature et l’origine des troubles nocturnes du couple, en suggérant diverses théories – allant du psychosomatique au paranormal en passant par la maladie mentale –, tant dans les actions troublantes de Hyeon-soo que dans le regard insomniaque de Soo-jin. Mais l’intrigue se résout de façon presque bancale et en balayant un crescendo d’horreur et d’interrogations qui jusqu’alors nous tenaient en haleine.

Récompensé tout de même par le Grand Prix au Festival international du film fantastique de Gérardmer, « Sleep » a aussi et malgré tout le mérite d’entremêler plusieurs genres que sont l’horreur, le drame et (à plus petite dose) la comédie. Portée ainsi par des personnages plus vrais que nature, l’histoire du film résume somme toute notre rapport ambigu au somnambulisme dont nous n’avons pas encore révélé tous les mystères.

Axel Chevalier
 

What happens when we’re asleep? In “Sleep”, South Korea’s Jason Yu’s first feature film, the answer proves dizzying. Soo-jin, a young woman who is pregnant by her sweet, caring husband Hyeon-soo, pays the price when she realizes that her husband is prone to strange (and dangerous) sleepwalking episodes.

Focusing on a particularly endearing couple, “Sleep” is a film close to a total closed-door setting, where most of the scenes take place in a small apartment overflowing with love (at least, at first). Dealing tenderly and truthfully with married life and its challenges, the film features a touching duo, with two solid actors: Jung Yu-mi and the late Lee Sun-kyun (who died last December, and in whose memory the film is dedicated). But the household falls apart as Hyeon-soo’s nocturnal symptoms worsen, and Soo-jin becomes increasingly concerned not only for her husband, but also for her baby.

Divided into three parts, “Sleep” slips gradually into anguish and madness, with two convincing first chapters but a rather abrupt third. The film certainly manages to sow doubt about the nature and origin of the couple’s nocturnal troubles, suggesting various theories – ranging from psychosomatic to paranormal as well as mental illness – both in Hyeon-soo’s disturbing actions and in Soo-jin’s insomniac gaze. But the plot reaches an almost shaky resolution, sweeping away a crescendo of horror and questioning that until then had kept us on the edge of our seats.

Despite winning the Grand Prix at the Gérardmer International Fantasy Film Festival, “Sleep” also manages to blend several genres: horror, drama and (in smaller doses) comedy. Carried along by larger-than-life characters, the film’s story sums up our ambiguous relationship with sleepwalking, the mysteries of which have yet to be fully revealed.

Axel Chevalier