Rsg Production

Sans jamais nous connaître

 
All of us strangers
 
Best British Independent Film – BIFA
Best Director & Best Screenplay – BIFA
Best Cinematography & Best Editing – BIFA
Best Supporting Performance – BIFA

2023/2024

FR                   EN

 
La solitude détruit tout, elle aliène et morfond. En dressant le portrait d’un homme, Andrew Haigh met en scène la solitude dans une tragédie qui ne se pare d’aucun espoir et exploite son personnage dans sa douleur la plus vive.
 
Dans un Londres moderne et dénué de charme, Adam vit dans une tour où la plupart des logements sont inoccupés. Auteur en proie au vide et à la page blanche, il ne se détache de lui qu’une triste monotonie. Un soir, alors qu’il se laisse à nouveau porté par la solitude, son unique voisin, Harry, toque à sa porte. Alors que les deux hommes se rapprochent, Adam retourne plusieurs fois dans la banlieue de son enfance.
 
Je ne sais pas à quel endroit de sa vie Andrew Scott a pu puiser les inspirations d’une telle souffrance, mais il incarne avec une puissance folle la solitude et l’enfermement. Un personnage difficile auquel il donne toute sa présence et toute une délicatesse dans le regard et la voix. A ses côtés, Paul Mescal confirme sa force dramatique et vient soutenir avec tendresse le rôle épais de Andrew Scott.
 
Le film est une lente et profonde description de la solitude. Elle est filmée sous tous les angles. Il y capte les bruits, le poids des corps inhabités et les regards perdus. Peu importe le lieu, le nombre de personnes, la solitude reste là, accrochée à Adam, elle le broie, le déforme. Andrew Haigh parvient également à déployer toute une mise en scène du silence. Les échanges sont absents, Adam est broyé par un mutisme dont les apparences prennent forme dans le reflet de la vitre d’un métro ou sur le miroir d’une boîte de nuit.
 
Et dans cette noirceur qui vous saisit à la gorge, jusque dans nos craintes les plus ternes, Andrew Haigh parvient à capturer une douceur bienvenue d’une intense scène de sexe aux discussions les plus profondes. Mais de cet élan de beauté qui frôle le pathos dans les derniers instants, Andrew Haigh ne laisse qu’un goût amer, celui d’une noirceur impénétrable qui ronge tout et ne laisse apparaître que les bouts d’une mortelle solitude.
 
Sacha Garcia
 
Loneliness destroys everything, alienates and despairs. Andrew Haigh’s portrait of one man’s loneliness is a tragedy that offers no hope, and explores the character at his most painful.
 
In a charmless modern London, Adam lives in a tower building where most of the apartments are empty. A writer plagued by emptiness and the blank page, the only thing that stands out for him is a sad monotony. One evening, just as he’s letting himself be carried away by loneliness, his only neighbor, Harry, knocks on his door. As the two men draw closer, Adam makes several trips back to the neighborhood of his childhood.
 
I don’t know where in his life Andrew Scott drew the inspiration for such suffering, but he embodies loneliness and isolation with insane intensity. A difficult character to whom he gives all his depth and sensitivity in his eyes and voice. Alongside him, Paul Mescal proves once again his dramatic talent, supporting Andrew Scott’s heavy role with tenderness.
 
The film is a slow, profound depiction of loneliness. It is shown from every angle. It captures sounds, the weight of uninhabited bodies and lost glances. No matter the place, no matter the amount of people, loneliness hangs on Adam, crushing and shattering him. Andrew Haigh also manages to unfold an entire staging of silence. Exchanges are absent, and Adam is torn apart by a muteness that takes shape in the reflection of a subway window or a nightclub mirror.
 
And in this darkness that grips you hard, right down to your dullest fears, Andrew Haigh manages to capture a welcome gentleness from an intense sex scene to the most heartfelt discussions. But from this surge of beauty that verges on pathos in the final moments, Andrew Haigh leaves only a bitter taste, that of an impenetrable darkness that devours everything, revealing only bits and pieces of a deadly solitude.
 
Sacha Garcia