Madame Web
2024
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Marvel a réussi à tisser une toile très lucrative autour de ses personnages de comics sur grand écran dont l’un des plus emblématiques reste inévitablement notre araignée du quartier. Mais le fait est que ce n’est ni Marvel ni Disney qui détient les droits d’exploitation de Spider-Man, c’est Sony ! Les deux studios concurrents ont pu collaborer pour permettre à Peter Parker d’intégrer l’intrigue globale de l’univers ciné Marvel, mais c’est bien Sony qui récoltait les recettes avantageuses des trois films centrés sur le personnage, ce qui déclencha logiquement le processus mercantile de reproduction du succès. Mais dans la mesure où l’accord entre les deux studios établit que le personnage évolue dans l’univers détenu par Disney, Sony ne peut pas l’utiliser pour ses propres films. Et voilà comment on en est donc arrivé à développer un univers autour de Spider-Man sans même avoir Spider-Man dans les films.
Le résultat ? A l’heure actuelle, quatre films tous plus ou moins décevants. Le premier « Venom » réussissait une ‘origin-story’ correcte quand sa suite directe « Venom 2 » et « Morbius » s’imposaient ensuite comme deux des films de comics les plus cataclysmiques. C’est donc dans ce contexte difficile (sans oublier une période de très faible fréquentation aux USA) que sort ce quatrième opus. « Madame Web » est ainsi une nouvelle ‘origin-story’ se concentrant sur une ambulancière qui va découvrir son don de prescience au gré d’aventures entre Manhattan et l’Amazonie. Mais le film sert également d’introduction à des personnages liés à l’histoire de Spider-Man, en particulier trois jeunes filles dont le futur devrait leur procurer des pouvoirs à la Spidey.
La faiblesse des précédents films de cet univers mort-né a créé une absence d’attentes quelconques sur ce nouveau projet et nous fait donc automatiquement relativiser la qualité de « Madame Web ». En soi, le film s’avère ‘meilleur’ que les deux précédents avec un concept intéressant proche d’une intrigue à la « Terminator », quelques bons moments, et une bonne alchimie propre à un ‘teen-movie’.
Car oui la dimension super-héroïque est quasiment absente de ce film qui cherche avant tout à introduire des personnages très (très) secondaires de l’univers comics et ajoute une touche féminine avec un trio d’adolescentes jouées par (la très en vogue actuellement) Sydney Sweeney, Celeste O’Connor, et Isabela Merced (n’avaient-ils réellement plus de place dans leur scénario pour ajouter une Asiatique ?) autour d’une Dakota Johnson un peu perdue, tout comme Adam Scott et un Tahar Rahim particulièrement risible. Il faut dire que le scénario ne donne pas vraiment d’épaisseur à aucun personnage.
Après avoir signé des propositions intéressantes en série (Collateral; Anatomie d’un Scandal), S.J. Clarkson s’attaque directement à un gros budget hollywoodien pour son premier long-métrage et signe un film de super-héros qui visuellement semble tout droit sorti des années 1990-2000 et peine à accrocher avec une protagoniste qui ne cesse d’expliquer la situation, un antagoniste particulièrement creux et une conclusion tout bonnement ridicule. D’autant que le prologue s’avère absolument inutile, d’une part pour sa mise en scène générale, mais surtout d’autre part parce que ses scènes sont ensuite répétées plus tard dans l’intrigue à mesure que l’on découvre le passé trouble de la protagoniste (ce qui est bien plus intéressant que directement nous plonger dans une séquence déconnectée du reste).
Dans l’ensemble, l’intrigue manque cruellement d’intérêt, les personnages de développement et la mise en scène d’idées. « Madame Web » n’est ainsi pas forcément le désastre annoncé par tous, mais reste incontestablement un film bien pauvre. Alors certes Sony budgète plutôt raisonnablement, on est loin des $200+M des productions Marvel, mais ça reste $80M gaspillés dans un film vite vu et vite oublié symptomatique des errements des studios qui s’engouffrent aveuglément dans le succès des autres.
Mais cet univers Spidey sans Spidey n’est pas encore terminé avec encore deux autres sorties cette année, la suite « Venom 3 » et puis « Kraven le chasseur » qui semble le projet le plus alléchant de cet univers aussi bien sur le fond que la forme avec J.C. Chandor derrière la caméra …
Raphaël Sallenave
Marvel has successfully woven a highly successful web around its comic book characters on the big screen, one of the most iconic of which obviously remains our very own neighborhood spider. But the thing is, neither Marvel nor Disney owns Spider-Man’s licensing rights but Sony! The two rival studios may have worked together to bring Peter Parker into the overall plot of the Marvel Cinematic Universe, but it was Sony who enjoyed the lucrative revenues from the three films centered on the character, which logically triggered the mercantile process of replicating success. But since the agreement between the two studios stipulates that the character evolves in the universe owned by Disney, Sony cannot use him for its own films. And that’s how we ended up with a universe built around Spider-Man, without even having Spider-Man in the films.
So far, this led to four films, all more or less disappointing. The first “Venom” was a decent origin story, while its direct sequel “Venom 2” and then “Morbius” were two of the most cataclysmic comic-book movies ever made. So, it’s in this challenging context (not to mention a period of very low box office in the U.S.) that this fourth installment is released. “Madame Web” is another origin story focusing on a paramedic who discovers her gift of foresight through adventures between Manhattan and the Amazon. But the film also serves as an introduction to characters linked to the Spider-Man story, in particular three young girls whose future should bring them Spidey-like powers.
The weakness of the previous films in this stillborn universe has created an absence of any kind of expectations for this new project, and automatically makes us put the quality of “Madame Web” into perspective. On its own, the film proves to be ‘better’ than the previous two, with an interesting concept akin to a “Terminator”-style plot, a few good moments, and the right chemistry for a ‘teen-movie’.
Indeed, the superheroic dimension is largely missing from this film, which seeks above all to introduce very (very) secondary characters from the comic book universe, and adds a feminine note with a trio of teenage girls played by (the currently very fashionable) Sydney Sweeney, Celeste O’Connor, and Isabela Merced (how did they not find a way to add an Asian girl in this script?) alongside a slightly lost Dakota Johnson, as well as Adam Scott and a particularly silly Tahar Rahim. Let’s face it, the script doesn’t really give any of the characters any depth.
After a few interesting series credits (Collateral; Anatomy of a Scandal), S.J. Clarkson goes straight for a big Hollywood budget for her first feature film, and delivers a superhero movie that visually looks like it’s straight out of the 1990s-2000s, and struggles to grab on with a protagonist who never stops explaining the situation, a particularly weak antagonist and a simply preposterous conclusion. Not to mention the fact that the prologue proves absolutely useless, both in terms of its general direction and because its scenes are then repeated later in the story as we discover the protagonist’s troubled past (which is far more interesting than just throwing us into a sequence disconnected from the rest).
Overall, the plot is woefully lacking in interest, the characters in development and the direction in ideas. “Madame Web” isn’t necessarily the disaster everyone is calling it, but it’s undeniably a very poor film. Admittedly, Sony‘s budget is quite reasonable – a far cry from the $200+M of Marvel productions – but it’s still $80M wasted on a film that’s quickly seen and quickly forgotten, symptomatic of the erring ways of studios that blindly jump on the bandwagon of other people’s success.
But this Spidey universe without Spidey isn’t over yet, with two more releases this year, the sequel “Venom 3” and then “Kraven the Hunter”, which seems to be the most promising project in this universe, both in terms of substance and style, with J.C. Chandor behind the camera …
Raphaël Sallenave