Rsg Production

Iron Claw

 
The Iron Claw

2023/2024

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Avec cette image de quatre cowboys bodybuildés aux poses superficielles dont le poster est aussi proche d’une couverture de magazine que de l’annuel calendrier des pompiers, « The Iron Claw » avait tout pour s’écraser, porté par un élan de mauvais goût et une suresthétisation de ses sujets.
 
Mais en évitant l’écueil du biopic classique, même s’il en prend souvent la trajectoire, le film de Sean Durkin se sert de la figure sacrée du catch pour dresser un portrait violent du cadre familial américain. À travers la figure centrale du paternel, « The Iron Claw » est une fresque brutale sur cette sur compétitivité qui gangrène le moindre cercle social de la société américaine.
 
Ancien Catcheur frustré, Fritz Von Erich a élevé ses enfants dans la volonté qu’ils décrochent un à un le titre de champion du monde. Martelé par cette idée depuis leur plus jeune âge, chacun des quatre frères sera amené sur le ring. Une vie familiale centrée autour du catch et des rêves d’un père nourri par le ressentiment. Une histoire vraie restée dans l’histoire du catch aussi bien pour leurs exploits sportifs que pour les malheurs qu’ils ont vécus. Des malheurs que cette famille et la société croyante américaine placent sous le signe de la malédiction…
 
Avec une dimension esthétique imposante portée par le chef opérateur hongrois Mátyás Erdély, « The Iron Claw » séduit aussi bien dans son histoire que dans sa mise en image. Mené par trois jeunes figures hollywoodiennes que sont Zac Efron, Jeremy Allen White et Harris Dickinson, le film du studio A24 scrute avec intelligence les différentes interactions de ses protagonistes, au sein d’un système familial défaillant. Quatre frères qui partagent un amour puissant, mais dont la construction s’est faite sur un rejet aussi bien paternel que maternel. Une froideur parentale qui ne juge plus sur l’enfant, mais sur échelle de réussite. Une évaluation sociale que le père instaure dès le début du film lorsqu’il énumère devant le plus cliché des petits déjeuners américains le classement de préférences de ses enfants et qu’il ajoute que l’ordre de classement peut changer (“but the rankings can always change”). Par cette instauration d’un système propre aux compétitions sportives, les quatre frères entretiennent un amour qui même s’il est vrai ne cesse d’être pollué par la présence d’une rivalité.
 
Long de ses deux heures et quelques, « The Iron Claw » ne nous ennuie à aucun moment et nous maintient fixés à cette étrange histoire familiale dont on parvient difficilement à croire qu’il s’agisse d’une histoire vraie. Il est répété tout du long que c’est une malédiction qui touche cette famille américaine, mais Sean Durkin nous explique continuellement que le seul malheur de cette famille est son manque cruel d’amour et sa rance et sempiternelle compétitivité interne. Un concept que Bell Hooks développe dans « All About Love » lorsqu’elle écrit que dans la société américaine, le désespoir d’amour s’accompagne d’un cynisme cruel qui considère que l’amour n’est pas aussi important que le travail ou aussi crucial pour la survie de la nation que la volonté de réussir. C’est à travers ce concept que Sean Durkin construit son film et c’est au travers du catch, symbole phare de l’Amérique, qu’il déploie son argumentaire, itinéraire abimé d’un amour fraternel.
 
Sacha Garcia
 
With this image of four body-built cowboys in superficial poses, whose poster was as close to a celebrity magazine as it was to the annual firemen’s calendar, “The Iron Claw” had everything it needed to fall flat, buoyed by a surge of bad taste and an over-aesthetization of its subjects.
 
But by avoiding the trap of the classic biopic, even if it often takes that path, Sean Durkin’s film uses the sacred figure of wrestling to paint a violent portrait of the American family. Through the central figure of the father, “The Iron Claw” is a brutal fresco of the over-competitiveness that plagues every social circle in American society.
 
Fritz Von Erich, a frustrated former wrestler, raised his children to be world champions one by one. Hammered by this idea from an early age, each of the four brothers will be brought into the ring. A family life centered around wrestling and the dreams of a father fueled by resentment. A true story that has gone down in wrestling history as much for their sporting achievements as for their misfortunes. Misfortunes that this family and the religious American society see as the sign of a curse…
 
With a striking aesthetic dimension brought to life by Hungarian cinematographer Mátyás Erdély, “The Iron Claw” is as compelling in its story as it is in its execution. Led by three young Hollywood figures, Zac Efron, Jeremy Allen White and Harris Dickinson, the A24 studio’s film cleverly scrutinizes the various interactions of its protagonists within a failing family system. Four brothers who share a powerful love, but whose childhood was built on paternal and maternal rejection. A parental indifference that no longer assesses the child, but rather his success. A social evaluation that the father introduces at the very start of the film, when he lists his children’s rankings of preferences over the most clichéd of American breakfasts, adding « but the rankings can always change ». By setting up a system specific to sporting competitions, the four brothers build a love that, even if true, never ceases to be spoiled by the very nature of competition.
 
At over two hours long, “The Iron Claw” doesn’t bore us at any point, keeping us riveted to this strange family story that’s hard to believe is true. It’s repeated throughout that it’s a curse that afflicts this American family, but Sean Durkin continually points out that the family’s only misfortune is its cruel lack of love and its rancid, never-ending internal competitiveness. A concept that Bell Hooks develops in “All About Love” when she writes that in American society, the desperation for love is accompanied by a cruel cynicism that considers love not as important as work, or as crucial to the nation’s survival as the will to succeed. It’s through this concept that Sean Durkin builds his film, and it’s through wrestling, America’s flagship sport, that he unfolds his argument, a damaged journey of brotherly love.
 
Sacha Garcia