Virgin Suicides
1999
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À l’occasion de la sortie américaine de « Priscilla », dernier film de Sofia Coppola (connue pour « Lost in Translation » et « Marie-Antoinette »), c’est l’occasion de revenir sur son premier long-métrage : « Virgin Suicides », sorti il y a déjà plus de vingt ans. Un film nostalgique qui nous berce dans les bons et mauvais souvenirs de l’adolescence nord-américaine de la décennie 1970.
Nous voici donc dans une banlieue huppée de Détroit, Michigan. À l’époque de la non-mixité à l’école, des jeunes hommes se lient d’amitié et s’amourachent pour les cinq sœurs Lisbon, dont la cadette, Cecilia, se fait d’abord connaître de tout le voisinage suite à une première tentative de suicide inexpliquée. Mais Cecilia finit par réussir son coup, laissant ses quatre sœurs et ses parents dans un désarroi total… Les garçons assistent et participent alors indirectement, impuissants, à une série de drames chez les Lisbon qui les marqueront et les obsèderont à jamais…
Bizarrement (au vu de son titre évocateur), « Virgin Suicides » présente avec douceur et avec tendresse les interrogations et les traumatismes de l’adolescence. De par son fil narratif construit par bribes de souvenirs et témoignages rapiécés de la part de plusieurs narrateurs, le long-métrage suit une trame qui se veut à la fois cohérente et imprécise, nous laissant alors libres d’apprécier certains évènements comme s’il s’agissait de nos propres vies. Outre une grande diversité de points de vue (et, cinématographiquement, de plans – parfois étonnants), le film offre une grande proximité avec les personnages, leurs actions et leurs sentiments, ce qui donne à l’ensemble une saveur rassérénante, même lors des moments moins joyeux.
Car le long-métrage ne fait pas que raviver des souvenirs d’une époque révolue : le film traite avant tout de la fulgurance des suicides, de leur violence surgie sans crier gare, qu’il y ait des signes avant-coureurs ou non. Les sœurs Lisbon souffrent en effet sans mot dire de la pression qu’exercent leurs parents (notamment leur mère) croyants et très conservateurs, pression qui entre en contradiction avec leurs envies d’amitié, d’amour et d’émancipation. Le sort réservé aux cinq sœurs se rapproche ainsi de celui de ces ormes surveillés, malades, puis abattus, si palpables mais si fragiles, qui fascinaient tant Cecilia… Une histoire douce-amère qui marque et désarçonne les narrateurs autant que les spectateurs, même des années plus tard.
Axel Chevalier
As Sofia Coppola (“Lost in Translation”; “Marie-Antoinette”) is about to release her latest film, “Priscilla”, let’s take a look back at her first feature: “Virgin Suicides”, released over twenty years ago. A nostalgic film that lulls us into the good and bad memories of North American adolescence in the 1970s.
So here we are in an affluent suburb of Detroit, Michigan. In the era of single-sex schools, young men befriend and fall in love with the five Lisbon sisters, the youngest of whom, Cecilia, first makes herself known to the whole neighbourhood after her first unexplained suicide attempt. But Cecilia eventually succeeds, leaving her four sisters and her parents in total disarray… The boys then witness and participate indirectly, powerless, in a series of tragedies in the Lisbon household that will scar and obsess them forever…
Oddly enough (given its evocative title), “Virgin Suicides” gently and tenderly explores the questions and traumas of adolescence. With its narrative thread built around snatches of memories and patched-together testimonies from several narrators, the film follows a framework that is both coherent and imprecise, leaving us free to appreciate certain events as if they were our own lives. In addition to a wide variety of points of view (and, some astonishing shots), the film offers a close relationship with the characters, their actions and their feelings, which gives the whole thing a reassuring flavor, even during the less happy moments.
The film does more than simply revive memories of a bygone era: it is above all about the fulgurating nature of suicides, the violence that erupts without warning, whether there are early indications or not. The Lisbon sisters suffer wordlessly from the pressure exerted by their religious and very conservative parents (particularly their mother), a pressure that clashes with their desire for friendship, love and emancipation. The fate of the five sisters is similar to that of the elm trees that Cecilia found so fascinating, watched over, sickened and then cut down… A bittersweet story that leaves its mark on the narrators and viewers alike, even years later.
Axel Chevalier