Confidente
Sırdaş (Confidante)
2025
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Après nous avoir transporté au cœur du village pontique et sifflant de Kuşköy avec « Sibel », Çağla Zencirci et Guillaume Giovanetti nous emmènent cette fois-ci en 1999, quelque part en banlieue d’Ankara. Le couple franco-turc nous y présente Arzu, qui travaille comme standardiste pour un téléphone rose. Enchaînant les conversations érotiques dans une semi-clandestinité, elle semble parée à toute demande osée et/ou un peu étrange. Mais cette nuit-là, elle n’était préparée ni à un séisme à l’ampleur nationale, ni à cet appel d’un jeune Stambouliote vivant dans le quartier d’Avcılar…
« Confidente », c’est le statut que prend ainsi Arzu dans ce huis-clos très resserré et à la tension constante. La caméra se focalise en effet quasi exclusivement (et la plupart du temps en gros voire très gros plans) sur le visage de cette femme qui ne fait que réagir, à distance, à une succession inarrêtable d’évènements et de révélations téléphoniques. Incarnée par une saisissante Saadet Işıl Aksoy, Arzu ne demeure en revanche pas inactive de par ses paroles percutantes et ses initiatives altruistes prises parfois au péril de son intégrité.
Restreint spatialement comme temporellement – l’intrigue se déroulant sur une poignée d’heures dans une maison transformée en centre d’appels – « Confidente » est toutefois assez large sur ses thématiques. Même si le scénario prend quelquefois des tournures inattendues voire peu probables (que d’aucuns jugeront bêtement « grotesques »), le long-métrage aborde et interroge la place des femmes dans une société turque patriarcale et hypocrite, mais aussi l’écrasante mainmise de la criminalité, de la corruption et même de la débauche dans les hautes sphères de la politique, au détriment de la [sur]vie des citoyennes et citoyens ordinaires. Arzu comme le public se retrouvent ainsi pris dans plusieurs dilemmes moraux – quoiqu’aussi vitaux pour l’héroïne – et la solennelle conclusion-ouverture de l’histoire, sans être donneuse de leçon, nous invite à réfléchir à notre rôle dans un monde imparfait mais améliorable.
Axel Chevalier
After bringing us to the heart of the Pontic and whistling village of Kuşköy in “Sibel,” Çağla Zencirci and Guillaume Giovanetti take us back to 1999, somewhere in the suburbs of Ankara. The Franco-Turkish couple introduces us to Arzu, who works as a switchboard operator for a phone sex line. Handling erotic conversations in semi-secrecy, she seems ready for any daring and/or slightly strange request. But that night, she was prepared neither for a nationwide earthquake nor for a call from a young Istanbulite living in the area …
“Confidante” is the role Arzu takes on in this tightly knit, constantly tense closed-door setting. The camera focuses almost exclusively (and mostly in close-ups or even super close-ups) on the face of this woman who simply reacts, from a distance, to an unstoppable succession of events and revelations over the phone. Played by the striking Saadet Işıl Aksoy, Arzu does not however remain inactive, thanks to her powerful words and altruistic initiatives, sometimes taken at the risk of her own integrity.
Although limited in terms of both space and time – the plot unfolds over a few hours in a house converted into a call center – “Confidante nevertheless addresses a wide range of themes. Even if the script sometimes takes unexpected and even unlikely turns (which some may dismissively label “preposterous”), the movie deals with and questions the place of women in a patriarchal and hypocritical Turkish society, as well as the overwhelming grip of crime, corruption, and even debauchery in the upper echelons of politics, to the prejudice of the lives of ordinary citizens. Arzu and the audience then find themselves caught up in several moral dilemmas—albeit vital ones for the heroine—and the solemn opening-conclusion of the story, without being preachy, invites us to reflect on our role in an imperfect but improvable world.
Axel Chevalier
